L’année liturgique expliquée à ma fille : 8 – Le Vendredi Saint

Après le dernier repas du Christ, il faut bien qu’on arrive à la fin d’histoire… parce que sinon, hier cela n’aurait pas été le dernier repas ! Alors je raconte la fin à #babygirl en ces termes :

« Quand on veut faire du bien, il y a toujours des gens qui n’aiment pas ça… tous ceux qui veulent dominer, ils ont besoin que les autres soient un peu malheureux. Alors forcément, Jésus, il n’avait pas que des amis.

« Il y en a qui lui voulaient du mal alors ils ont déformés ses propos pour le faire accuser par le chef de la région. Et le chef, même s’il n’était pas très convaincu, pour calmer les méchants, il a quand même condamné Jésus à mort.

« En ce temps-là, pour mettre à mort les détenus, il y avait un supplice particulièrement horrible, c’était la crucifixion : on clouait le prisonnier sur deux morceaux de bois en croix et on laissait l’homme mourir ainsi. Les pieds et les mains transpercées par des clous, saignant abondamment, le laissant là, souffrir atrocement. C’est une mort lente, terriblement douloureuse. Et les passants peuvent regarder là, l’homme agoniser petit à petit, se moquer de lui, rire, plaisanter sur son sort… Dans ce supplice on meurt étouffé à force de tirer sur les bras. Tant que l’on tient encore, on peut s’appuyer un peu sur les pieds pour reprendre un peu son souffle et c’est pour cela qu’au bout d’un certain temps, quand les bourreaux estiment que la souffrance s’est assez éternisée, ils peuvent venir casser les os des jambes des condamnés. Plus moyen ainsi d’empêcher la mort par étouffement de survenir très vite.

« Dans le cas de Jésus, il a d’abord été fouetté ; ça aussi c’est une torture terrible. Et cela a du déjà beaucoup l’affaiblir. Du coup, il est mort avant que les légionnaires viennent lui briser les os des jambes. Ils se sont aperçus qu’il était déjà mort. Alors pour être bien bien certain qu’il soit mort (plutôt deux fois qu’une), ils lui ont planté une lance dans le cœur. Comme ça. Histoire d’être bien sur.

« Aujourd’hui on commémore ce jour où Jésus est mort sur la Croix, aux côtés de deux autres condamnées. D’eux on ne sait pas grand chose. C’était des condamnés de droit commun. Peut-être des voleurs, peut-être des meurtriers… »

Je voulais continuer là cette histoire du vendredi saint, mais ma petite #babygirl est partie en pleurant retrouver sa mère.

Entre deux sanglots, elle disait : « maman… Jésus… bobo… boum… bobo… méchant… » bref, elle avait un gros chagrin ma #babygirl. Alors ma femme de me demander si elle est tombée, si elle s’est fait mal ? Je la rassure en lui disant quenon, que j’étais juste en train de lui raconter l’histoire de Jésus et qu’aujourd’hui c’est le jour de sa mort… et là elle me coupe en me disant « tu ne lui as quand même pas dit qu’il est mort ? Elle est petite, ça va la choquer ».

J’ai senti que si j’avouais avoir parlé de clous, de flagellation et tout ça et tout ça, je risquait d’aller au devant d’une sacrée scène de ménage… alors avec un courage tout pétrinien, j’ai répondu que non : « je ne sais pas ce que tu dis » (Mt 26, 70)

16 Commentaires

  1. C’est un peu le problème quand le symbole de l’adoration c’est un cadavre sanguinolent cloué sur un bout de bois, que l’on brandit sous le nez des passants à tous les coins de rue.

    Une telle croyance apparaîtrait de nos jours, elle serait bien évidemment interdite.

    Mais voilà, les passe-droits de l’histoire …

    1. La mise à mort par crucifixion de Jésus Christ, « Roi des Juifs », répond à une contingence socio-culturelle d’un contexte donnée. Ce sont les lois des hommes qui ont rendues possibles cela, et bien d’autres atrocités.
      Dieu qui a aimé les homme jusqu’à vivre pleinement notre condition humaine, la vivre jusqu’à être victime du mal que nous pouvons nous faire les uns aux autres.
      Tout recevoir du mal dont l’homme est capable pour pouvoir tout pardonner… tel est le cadeau que Dieu nous fait par amour.

      Comme pour le mystère de l’incarnation, sur lequel nous avons déjà échangé, qui donne à l’homme la liberté d’aimer Dieu (sans être écrasé par sa gloire), sa mort sur une Croix donne la mesure de la fragilité qu’il accepte pour se mettre à notre niveau. Quoi de plus fragile qu’un condamné en train d’agoniser ? Ainsi, le Seigneur tout puissant vient nous dire combien, chacun de nous, nous pouvons nous laisser toucher par son amour, qui est douceur et que ne veux en rien nous brusquer.

      Le corollaire est que, dans cette faiblesse, il est une victime toujours actualisable pour ceux qui veulent rejeter son amour, pour tous ceux qui ne veulent pas entendre son appel. En effet, quoi de plus fragile, et donc de plus facile à moquer, à tourner en dérision, qu’un condamné en train d’agoniser lentement ?

      1. Disons que j’ai un peu de mal avec ce qui me paraît être du pur chantage émotionnel « regardez comme je souffre pour vous alors il faut m’aimer ». A fortiori venant du Créateur omniscient lequel, par définition, a tout manigancé et tout conçu ainsi dès le début. Dans le dessein de Dieu, avant même de créer l’humanité, il prévoit et met en place sa souffrance sur la Croix. Ou sinon c’est qu’il n’est pas omniscient. Tout cela me paraît donc une gigantesque mise en scène à des fins manipulatoires, et j’ai du mal à marcher dans la combine.

        1. Libre à vous de voir de la manipulation partout.

          Mais ne croyez vous pas qu’une histoire d’amour fondée sur de la pitié est vouée à l’échec ? Ne serait-ce pas une fausse raison d’aimer ?

          Ce n’est pas par misérabilisme que j’aime Jésus. C’est au contraire parce que je suis touché par sa douceur qui vient me parler malgré son immense gloire. Venant à moi, il me donne de l’aimer tout à la fois comme un ami, comme un époux, comme des parents…

          Et s’il « devine » (s’il « pressent ») la mort vers laquelle il se rend parce qu’il est Dieu et (par définition) d’une intelligence infinie, cela ne veut pas dire que c’est cela qu’il veut. C’est juste que non content d’avoir une intelligence infinie, il nous connaît parfaitement bien parce que justement il nous aime et est attentif à nous au plus profond de notre intimité.

      2. En effet à mon sens une histoire d’amour fondée sur de la pitié ne peut pas marcher, et justement je n’y adhère pas. D’ailleurs selon moi l’amour implique une certaine égalité / réciprocité et je vois mal quel « amour » on peut partager avec le Créateur Omniscient de l’Univers (a fortiori si c’est celui qui est décrit dans l’Ancien Testament). J’espère pour vous (et pour elle) que l’amour que vous éprouvez pour votre femme n’a rien à voir avec ce que vous éprouvez pour Dieu. Le mot « amour » me paraît ici complètement galvaudé.

        Quant à votre phrase « s’il « devine » (s’il « pressent ») la mort vers laquelle il se rend […] cela ne veut pas dire que c’est cela qu’il veut », on revient à la question de l’omniscience. Si, c’est cela qu’il veut, puisque c’est cela qu’il a conçu et créé, en toute connaissance de cause et, que je sache, personne ne lui a forcé la main.

  2. EtoileDuMatin12 · · Réponse

    Yogi, ce qui frappe quand je lis l’échange que vous avez avec 712, c’est qu’on a l’impression, je vous prie de m’excuser, en vs entendant, d’écouter parler quelqu’un qui n’a pas pensé à ce dont il parle. Un auteur, Ramuz, disait que certains sortaient les mots qu’ils écrivaient des poches de leur par-dessus alors que d’autres les tiraient de leurs entrailles. Vous êtes, dans cet échange, des premiers.
    Avez-vous lu l’Evangile, avez-vous essayé de méditer la Passion ? Je commence à en douter.
    Vous entrez par cet échange dans un des mystères les plus insondables de la foi: concilier omniscience divine et souveraine liberté divine, cela au point même où le Fils incarné accepte librement d’obéir à la volonté de son Père.
    Mais il semble que vous ignorez aussi que le Dieu chrétien est Trinité, que le Christ a une nature humaine et une nature divine, unies certes mais distinctes. Pour comprendre comme Il peut être à la fois par moment abandonné du Père dans sa face humaine, soudain comme privée de contact avec Dieu, et en même temps toujours, dans sa nature divine de Fils, étroitement uni au Père; pour seulement envisager cela possible, il faut connaître les bases de la théologie du Verbe incarné.
    De ce Dieu fait homme qui découvre pour ainsi dire peu à peu sa mission dès avant sa naissance dans une crèche( Visitation). Qui apprend sa mission à travers les hommes, Lui le Fils de l’Homme. Mais c’est merveilleux, je trouve, si on suit l’Evangile, de voir Jésus faire l’apprentissage de sa mission. Conduit par Marie et Joseph pour sa mission de la crèche ou du temple, appelée par Marie à faire son premier miracle, poussé par l’Esprit au désert …Puis attiré par la misère et l’amour des gens à poser des gestes et des paroles qui relèvent et redonnent une espérance. Tellement homme, de plus en plus visiblement Dieu! Mais ce n’est que progressivement qu’Il se révèle être le Fils…Il faudrait détailler mais ce serait trop long.
    Jusqu’à qu’Il annonce sa mort et sa résurrection. Mais décide d’entrer tout de même dans ce mystère insondable du Jardin des Oliviers où Il demande au Père que l’épreuve Lui soit épargnée. Le logicien sans coeur et qui n’a aucun sens du mystère ne voit là que machination et théâtre.
    C’est parce qu’Il a voulu assumer jusqu’au bout notre condition humaine, notre souffrance, notre solitude, notre abandon devant la maladie et la mort que le Fils a été comme coupé de son Père, éprouvant tous les abandons, toutes les agonies des hommes et des femmes de tous les temps. Mais cela c’est notre foi qui nous le dit. Et notre coeur. Cela restera un mystère.
    « Père,pourquoi m’as-tu abandonné ? »
    Mais que la Croix soit gage d’amour, qui peut en douter en connaissant l’Evangile:
    « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »
    « Père, pardonne-leur.ils ne savent pas ce qu’ils font !  »
    « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent »
    « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé »
    Vous parlez de la Croix comme d’une manipulation. Je ne sais pas si vous plaisantez tellement votre propos est futile.
    Je ne sais pas si vous savez ce qu’est l’amour, l’amour profond , vrai, durable, qui porte des fruits, lie des vies dans la durée. Sûrement. Il ne vient pas sans don de soi. Voilà au moins un point de ressemblance que vs cherchiez. Se donner à l’autre pour son bien, pour l’élever, parfois pour le sortir du trou ou pour se laisser porter quand on va mal et s’abandonner dans les bras de l’autre.
    JESUS par le don de sa vie nous a donné l’exemple parfait de l’amour.
    Car Jésus ne fait pas pitié seulement. Et c’est encore une de vos innombrables erreurs.Oui il attire les larmes et des gestes de tendresse. Mais Il prend en pitié, par le silence,par ses réponses, par le pardon au larron, par la remise de sa mère à Jean, par son pardon donné enfin à tous. C’est la force qui parle, la douce, mais inébranlable force du Coeur de Dieu. Le soldat romain, plus ignorant que vous, ayant vu mourir Jésus : » Celui-ci était bien le fils de Dieu » Impressionné !

    « Ce que vous ferez aux plus petits d’entre les miens c’est à Moi que vous l’aurez fait »

    L’attention à la fragilité de l’aimé(e) n’est-elle pas un autre point commun de l’amour de Dieu et de
    l’amour entre un homme et une femme ?
    Mais ce sont là choses qui ne se prouvent pas mais s’éprouvent.
    Et « les preuves fatiguent la vérité » René Char
    Moi aussi je suis fatigué et je constate que mon texte est bâclé. Tant pis. Il y a quelques vérités.
    Marc

    1. @ EtoileDuMatin12 : Je suis bien conscient que la question de l’omniscience divine est un des mystères de la foi chrétienne, « mystère » étant l’expression consacrée pour désigner les points où foi et raison se contredisent, les points où la foi est clairement irrationnelle (et j’ai lu Fides et Ratio).

      En effet, je suis au courant de la nature trinitaire du Dieu chrétien, quoique j’ignore si ses trois membres peuvent se faire des cachotteries entre eux comme vous le soutenez. Mais si le Fils a été laissé dans l’ignorance par les deux autres, en tous cas rien n’a pu échapper au Père Créateur Omniscient. Car j’ai l’impression, je vous prie de m’excuser, en vous entendant, d’écouter parler quelqu’un qui n’a pas vraiment compris les concepts qu’il manipule. Un créateur omniscient voit, et donc choisit (à moins que quelqu’un ne lui force la main) l’ensemble des conséquences de sa Création. Ainsi dès le 5ème jour, Dieu voit et choisit de créer l’homme pécheur, il voit et choisit la Chute, le Christ et la Passion. Ou sinon c’est qu’il n’est pas omniscient.

      Et donc même s’il n’a pas jugé bon de mettre le Fils au courant, la Croix et la Passion sont bien une mise en scène choisie, conçue, créée par le Père. Pourquoi d’ailleurs le Père a-t-il voulu faire souffrir le Fils pour racheter le fait qu’il avait lui-même délibérément (étant omniscient) créé l’homme pécheur, est également un « mystère ».

      Et si vous préférez estimer que non finalement Dieu n’est pas omniscient, je crains que vous n’alliez au devant d’encore bien plus graves problèmes théologiques.

  3. EtoileDuMatin12 · · Réponse

    @yogi
    J’hésite à répondre. Quand je lis:
     » Dieu choisit de créer l’homme pécheur !? Dieu choisit la Chute !?… Que dire ?
    Non, Dieu crée l’h. a son image et ressemblance: bon, innocent, libre et capable de connaître Dieu.
    La chute n’est pas une conséquence calculée de la création.
    Vous oubliez la liberté humaine qui aurait pu ne pas faillir.
    Enfin toute votre « théologie » est bancale.
    Votre conception de la Trinité est erronée etc…
    En somme, votre réponse est truffée d’erreurs théologiques monstrueuses.

    Pour notre problème:
    Dieu est tout-puissant et omniscient, l’homme est libre.
    Voilà ces deux vérités que le chrétien doit maintenir, admettant que l’on ne peut qu’approfondir ce mystère et non le comprendre au sens étroit du terme.
    Dieu arrivant même à tirer profit pour notre salut des errances de notre liberté.
    Enfin c’est une question difficile, mais qui ne peut se poser qu’en partant de bases
    théologiques connues et non-déformées.
    Bonne soirée !

    1. @ EtoileDuMatin12
      Hélas la phrase « aurait pu ne pas faillir » n’a pas de sens pour un être omniscient.

      Tout ce qui arrive lui est connu à l’avance.
      Si de plus il est créateur tout puissant, alors tout ce qui arrive est le reflet exact de son intention et de sa volonté. Ses créatures n’ont pas de « liberté ». Elles ne peuvent que se comporter conformément au plan que, omniscient, leur créateur a vu pour elles.
      Un créateur omniscient est nécessairement omniresponsable.

      Ma théologie n’est en rien « bancale », elle est le fruit direct de la raison. La contradiction est interne à la foi chrétienne. C’est bien pourquoi celle-ci est contraire à la raison.
      Bonne soirée également !

  4. EtoileDuMatin12 · · Réponse

    @ Yogi Je ne voulais plus vs répondre. Que faire devant tant d’ignorance et de suffisance ?
    D’abord je vous conseiller d’étudier la notion de création chez St Thomas. Vous y verrez son sens d’abord et surtout l’autonomie qui y est laissée à la créature.
    L’arrogance est fille de l’ignorance dit un proverbe italien.
    Avant de critiquer un édifice de pensée, on essaie de le comprendre de l’intérieur, de se placer dans sa perspective. Ici une perspective de foi et de création dont on doit connaître les concepts fondamentaux et les présupposés. Tout le contraire de votre démarche.
    Vous ignorez tout de l’édifice de pensée que vous croyez écrouler d’un revers de main.
    Vous n’avez aucune idée précise du récit de la création.
    Vous imaginez les personnes divines se dissimulant des secrets.
    Vous ignorez que le Fils est créateur « et par Lui tout a été fait »
    Vous ne comprenez pas le vrai sens de création qui laisse une autonomie de nature à la créature.
    Vous inventez un Dieu qui a voulu la Chute dès avant la création et l’homme pécheur
    et niez la liberté humaine.
    Et j’en passe et des meilleures.
    Pour être crédible, lisez la Bible, travaillez Augustin, St Thomas ou des auteurs qui on rassemblé de manière rigoureuse la pensée théologique chrétienne de l’histoire du salut et de la Providence divine particulièrement.
    Ensuite apportez vos critiques en connaissance de cause.
    Ou alors restez résolument en dehors de la foi et du mystère insondable de Dieu.
    « Hélas la phrase « aurait pu ne pas faillir » n’a pas de sens pour un être omniscient. »
    Et alors oui dans ce contexte votre phrase a un sens et une logique imparable… mais qui ferme aux orgueilleux le chemin vers Dieu.
    Car Jésus dit dans l’Evangile: » Je te loue Seigneur que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as révélées aux enfants »Lc 10
    Commentaire de l’abbé Gottigny:
    « La gratitude est une des facettes de l’humilité. L’arrogant estime ne rien devoir à personne. Pour remercier, il faut être capable de découvrir sa petitesse. “Merci” est un des premiers mots que l’on apprend aux enfants. «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les a révélées aux enfants» (Lc 10,21).

    Benoît XVI, parlant de l’attitude d’adoration, affirme qu’elle suppose une «reconnaissance de la présence de Dieu, Créateur et Seigneur de l’univers. C’est une reconnaissance emplie de gratitude, qui part du plus profond du cœur et qui investit l’être tout entier, car ce n’est qu’en adorant et en aimant Dieu par-dessus tout que l’homme peut se réaliser pleinement lui-même».

    Une âme délicate éprouve le besoin d’exprimer sa reconnaissance. C’est la seule chose que les hommes peuvent faire pour répondre aux faveurs divines. «Qu’as-tu que tu n’aies reçu?» (1Co 4,7). Dès lors, il nous faut «rendre grâce à Dieu le Père, par son Fils, dans l’Esprit Saint; avec la grande miséricorde dont il nous a aimés, il nous a pris en pitié, et alors que nous étions morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ pour que nous soyons en lui une nouvelle création» (S. Léon le Grand). » Fin du commentaire de l’abbé.

    Voilà ce qui nous manque aujourd’hui: la gratitude. Beaucoup ont le sentiment de ne rien devoir à personne. Qu’il est beau pourtant de voir toutes choses et d’abord notre vie comme un cadeau, comme un don reçu sans mérite. De qui ? C’est déjà une porte qui ouvre sur le sens du mystère.
    Et de la reconnaissance de Quelqu’un qui bien que tout proche de nous, nous dépasse. Mais cela ne m’humilie pas de ne pas comprendre. Car cet Amour si grand n’écrase pas. Il s’est mis à genoux et a lavé les pieds de ses disciples. Il a subi toutes les injures pour moi, a lavé toutes les infidélités de ma vie dans son Sang et je pleure de reconnaissance en écrivant ces mots. Et je sais qu’Il est pour toujours présent dans mon coeur qui l’a si souvent rejeté.
    Merci Seigneur !
    Apprenons à vivre à nouveau la reconnaissance: « il est royal d’être en vie », écrivait notre grand poète suisse Ramuz, agnostique, mais à l’âme profondément religieuse au sens profond du mot.

    Soyons enfants, restons petits, assez pour voir encore que le ciel est au-dessus de nous !
    Assez pour s’émerveiller, faire confiance et s’ouvrir au mystère.

    Pardon, Yogi pour mes mots parfois trop durs. Tant pis si tu n’as rien compris à mon blabla!
    Bon vent !

    Marc

    1. @ EtoileDuMatin12 : A mon sens non, s’il présente des contradictions suffisamment flagrantes il n’est nul besoin de « comprendre de l’intérieur » un édifice de pensée avant de le critiquer.
      Ainsi du shaman qui pense faire lever le soleil tous les matins par ses prières. Ai-je besoin qu’il m’explique longuement les théories qu’il a élaborées pour contourner les contradictions et les invraisemblances de ses croyances ? Qu’il m’explique pourquoi le soleil s’est quand même levé le jour où il était trop malade pour prier, pourquoi il ne fait pas lever le soleil tous les jours à la même heure, pourquoi il le fait apparaître même quand la tribu aurait besoin que la nuit se prolonge, etc etc ?

      Non. Des croyances dont les principes de base sont en contradiction flagrante entre eux et avec le réel peuvent être critiquées « de l’extérieur », quels que soient les colmatages argumentaires développés au fil des siècles pour tenter de masquer ces incohérences. Et un Créateur Omniscient qui n’aurait pas voulu les conséquences de sa propre création est l’exemple même d’une telle contradiction.

      A mon sens, l’arrogant est plutôt celui qui croit détenir le Livre de la Vérité, et l’humble celui qui questionne ses convictions et les met humblement à l’épreuve du monde.

      Désolé si jamais mes paroles devaient vous blesser, alors que je m’efforce de rester dans le même registre que vous.
      Bon dimanche !

  5. Le sujet c’est de parler de Dieu comme si ces attributs « toute puissance », « intelligence infinie » ou que sais-je encore pouvaient être compris dans leur totalité par l’esprit humain. Ce qui supposerait que nous soyons doté d’une intelligence infinie également…

    Les mots que nous posons pour décrire Dieu (qui est transcendance et altérité) ne peuvent donc être qu’insuffisant. Cette insuffisance de nos concepts pour décrire Dieu est une conséquence des limites de notre entendement par rapport à l’infini divin. Rejeter la notion de « mystère » revient donc à nier que Dieu, en tant qu’objet de notre entendement, puisse ne pas totalement être décrit. On voit là le paradoxe ! Ce serait vouloir être semblable à Dieu lui-même.

    Outre le fait que l’omniscience de Dieu ne relève pas (comme j’ai déjà eu l’occasion de la rappeler) du contenu de la foi catholique tel qu’il est présenté dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique, le fait de penser Dieu comme créateur ne le rend pas nécessairement « omniresponsable » ; c’est pour le coup une lecture qui n’est plus du tout « catholique » de la Bible dans son ensemble ! L’enseignement de l’Eglise est bien au contraire que le Dieu créateur « confie » au monde la création à l’homme crée libre (à l’image de Dieu). Il y a ainsi toute une théologie de co-création (ou coopération) que s’est développée dans l’Histoire.

    Qu’est ce qui empêche une créateur « omnipotent » de créer une créature libre ? Puisqu’il est omnipotent, il peut accepter de « déléguer » une partie de son infinie liberté à sa créature. Cela relève d’un choix libre de Dieu, de son infinie bonté… créer l’homme à son image. Par amour.

    Amour. Toujours ce mot qui revient. Donner à l’homme la liberté.

    1. Pour procéder par analogie sur une connaissance qui n’empêche pas de laisser libre, je vous propose l’illustration suivante (bien qu’imparfaite puisqu’il n’existe aucune analogie « parfaite » de la Création) :
      Mettons nous dans la peau d’un préparateur de jeu de bridge (pas forcément dans le cadre de concours, mais d’entraînement). Les quatre mains qu’il va préparer sont « destinées » à exercer les joueurs à pratiquer telle ou telle type d’annonce, à jouer tel ou tel type de jeu de la carte : ce sont là les « objectifs pédagogiques » (ce qui correspondrait à la prédestination de l’homme à voir Dieu). Ensuite, la liberté des quatre joueur intervient lorsque ce joue la partie. Et force est de constater que le champ des possible peut alors surprendre le préparateur… Qui n’a jamais vu par exemple des donnes préparées pour une partie à sans atout qui sont jouées (et tenues) avec une couleur par exemple ?

    2. @ numero712 : L’essence du « mystère » n’est pas dans notre incapacité à sonder l’infini. L’essence du « mystère » c’est le viol de la logique, ce qui est radicalement destructeur. La « logique » c’est ce qui permet qu’il y ait le oui et le non, le vrai et le faux, le bien et le mal. Si on casse la logique, en posant comme vraies à la fois une chose et son contraire, on entre dans l’irrationnel pur et dans le chaos où plus rien ne peut avoir de sens.

      L’omniscience de Dieu n’est peut-être pas explicitement mentionnée dans le CEC mais elle l’est dans la Bible, et son abandon aurait de graves conséquences.
      Car voilà alors, à l’instar de votre préparateur de bridge, un Dieu limité, incapable de voir dans l’avenir, soumis au déroulement du temps et aux caprices des hommes qu’il ne peut ni anticiper ni prévoir, et qui assiste en spectateur curieux ou ébahi au déploiement de la marche du monde sans avoir aucune idée de là où cela nous mène.
      Pire encore cela bride son action, puisque ne pouvant anticiper les réactions des hommes à Ses miracles, il n’aurait alors pas plus connaissance que nous des conséquences de ses actes.
      Un Dieu agissant à l’aveuglette face à l’imprévisibilité du monde, cela me semble bien peu catholique, et ce serait pourtant la traduction directe du fait qu’il ne serait pas omniscient.
      En effet rien n’empêche un créateur « omnipotent » de créer une créature libre. C’est le fait d’être « omniscient » qui l’en empêche, car pour ses yeux nulle incertitude, nul choix, nulle liberté ne peut exister.

  6. Chantal Megglé · · Réponse

    Je voulais faire un commentaire du commentaire … et puis le temps a passé, et puis je me dis, tout simplement, que si oui, nous avons raison de vouloir expliquer ce que nous vivons, comme chrétiens, à ceux qui ne croient pas, et qui, pire, voudraient nous forcer à croire comme eux, donc à ne pas croire, et bien disais-je, il est quand-même important d’insister sur le fait qu’avoir la foi n’est pas de l’ordre de la possession. Je dirais plus volontiers : je vis ma foi, ma foi est.
    Vivre sa foi est de l’ordre de l’intime. Je ne dis pas là que la foi est une affaire privée, non. Si ma foi est, je ressens quelque chose au fond de moi, au fond du fond de mon cœur.
    J’aurais beau trouver toutes les plus belles paroles, faire les plus belles démonstrations, essayer de vivre en adéquation avec l’Evangile, je ne pourrais toujours pas « prouver » ma foi. On ne peut donner la preuve de ce que l’on ressent, de ce que l’on vit à l’intérieur. De même que je ne peux comparer ma foi à celle d’un autre. Je ne suis pas en lui. Je ne peux deviner ce qu’il vit au plus profond de son être.
    J’aime bien la phrase de Saint Augustin qui dit : « La compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche pas à comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. »
    Dieu est, cela suffit.
    J’ai essayé à plusieurs reprises de « convaincre » des personnes non-croyantes, ou très sceptiques.
    Je me suis à chaque fois heurtée à un mur d’incompréhension, lié, non pas à mes « arguments » déroulés de la manière la plus pédagogique possible, mais plutôt à un fossé créé par la différence de « ressentis intérieurs ».
    Plus je crois, plus je m’éloigne de mes proches qui ne croient pas. Plus ma foi est grande, plus je sens que je ne peux expliquer ce qui fait ma vie aujourd’hui. C’est quelque chose d’impossible à communiquer. Naturellement, puisque c’est mon « intérieur ».
    Donc, je ne pourrai jamais « prouver » ma foi en ce Seigneur qui vient en moi à chaque fois que je communie. Ni en ce Christ ressuscité qui me fait renaître. Ni en Dieu, Père, Fils et Esprit, qui m’aime et me protège…

    1. @ Chantal Megglé : Je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait nier ou mettre en cause ce que vous ressentez au fond de votre coeur. Ce ressenti n’est pas contestable. La seule question est de savoir s’il correspond à une quelconque réalité ayant une existence en dehors de votre esprit.

      Car même si nous ne sommes pas « dans » les autres, nous sommes tous des êtres humains et à ce titre nous partageons bon nombre de mécanismes psychiques.

      Ainsi nous ne percevons le monde qu’au travers du filtre de notre pensée, de nos émotions, de nos convictions pré-établies, et ce mécanisme est extrêmement apte à nous induire en erreur.
      Depuis la divergence des récits des témoins d’un même événement, jusqu’aux phénomènes hallucinatoires, nous constatons tous les jours autour de nous et en nous à quel point nos pensées et nos sens sont influencés, et à quel point notre perception du monde est biaisée, malléable, peu fiable.

      La croyance religieuse ne basant sa Vérité que sur une conviction trouvée « à l’intérieur de soi », elle est directement soumise à ces effets de distorsion et d’auto-aveuglement, et selon moi elle n’en est même que le pur produit. A l’intérieur de nous-mêmes nous ne rencontrons que nous-mêmes, nos peurs et nos espoirs, remodelés et projetés sur la « nature du monde » tel que nous souhaitons qu’elle soit.

      A l’inverse, la démarche scientifique vise justement à s’abstraire du biais apporté par chacun d’entre nous pour identifier, « à l’intersection » en quelque sorte de toutes nos expériences particulières, ce qui peut constituer la réalité tangible d’un monde extérieur. L’expérience matérielle, mesurée, reproductible, me semble la seule façon de prétendre atteindre autre chose que nos propres obsessions individuelles.

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